mardi 20 décembre 2011

Chronique Bd du mercredi: Atar Gull

Les récits d’esclavages sont nombreux, on y voit souvent l’homme, beau, bafoué, au cœur bon, rêvant de justice, de liberté ayant une grandeur d’âme telle qu’il pardonne aux oppresseurs. Atar Gull n’est pas de cette race. Il rêve de vengeance, peu importe le prix, le temps.

Les dessins de Bruno qui semblait être fait pour exprimer les années 70 comme dans son excellent inner city blues servent ici à une tout autre époque. La jungle, qu’on avait vue dans sa série ovni biotope, les océans, les décors intérieurs également sont très crédibles et réalistes malgré un trait rond aux formes opaques. Bruno nous dessine un méchant àa la carrure digne des Dark Vador et Voldemort. Blupart est mystique, grand et son visage est de marbre. Ses cheveux et sa cape imposent. Sa cruauté est sans fin, bref un méchant qu’on adore détester. Atar Gull, le héros, est aussi intéressant. Sa masse musculaire, la largeur de ses épaules son crâne rasé et ses yeux foncés le rende redoutable et crée des attentes face à son destin impossible.
Fabien Nury, scénariste gage de réussite, adapte un roman d’Eugène Sue paru en 1831. L’histoire est bonne, on sait dès le début les intentions d’Atar Gull, mais il nous tient en haleine avant sa concrétisation. La réalité du monde esclavagiste est démontrée de façon très crue, voire choquante, mais il s’agit de fait, le roman à l’époque avait un but militant, Son parcours est semé d’occasions de mourir et d’injustice. La perception d’un homme noir comme une sous race est venu me chercher, la lecture nous plonge dans ce contexte et nous fait imaginer la vie de ses hommes, de ses femmes et enfants nés à une mauvaise époque.

C’est un livre que j’attendais avec impatience, que j’ai dévoré d’un coup, que j’ai relu que j’ai beaucoup aimé. La fin, que je ne dévoilerai pas, vous pouvez continuer la lecture, m’a un peu déçu par sa subtilité, par son manque de tranchant, étrangement, j’aurais préféré que ce soit tout blanc ou tout noir (!)


Pour d'autres excellents billets allez voir la bande à Mango

vendredi 16 décembre 2011

Chronique BD: Sillage liquidation totale

Sans le savoir j’avais hâte à cet album qui clôt enfin un cycle qui semblait être sans fin. Navis fait du gros ménage !

Jean-David Morvan a cette qualité de prendre en considération le caractère humain, dans le bon sens du terme, de ses personnages. Navis traverse des épreuves incroyables, normalement sa perception du monde devrait être altérée. Le genre science fiction ayant été inventé afin de critiquer le monde présent par l’entremise du futur qu’il sera. Le monde dans lequel évolue Navis est plutôt noir. Peut-elle restée joyeuse ? Cette évolution pessimiste en fait d’elle une héroïne blasée. Avec ce tome, on voit enfin une lumière au bout du tunnel, mais la tâche n’est pas facile. La rencontre avec le personnage sur la couverture est donc symbolique, elle affronte par lui, le sillage au complet.

Phillippe Buchet est fidèle au rendez-vous. Ses scènes de combat sont fluides et se comprennent bien. Son découpage n’est pas classique, mais n’est pas trop éclaté non plus. Sa force principale se situe surtout dans l’invention d’extra-terrestres, de vaisseau et de décors de forêt autant que d’intérieurs technologique.

Cette bande dessinée se lit bien, est divertissante, mais respecte un style populaire sans grande philosophie ou profondeur. On peut lire pour s’amuser ? Dans le cas de ce tome 14, liquidation totale, la mission est accomplie.

mardi 13 décembre 2011

Chronique BD : Doomboy

Tony Sandoval est un bédéiste particulier. On l’aime ou pas. Son univers s’articule autour de la mort, l’amour, du rejet, de l’acceptation de soi de l'intimité et de la musique. Ces thèmes me touchent, je l’aime bien.

Doomboy est un jeune guitariste qui fait des émissions de radio pirates anonymes. Il joue du haut d’une falaise, face au vent, face à l’horizon, face à la mer et c’est très joli. Il joue pour communiquer la peine d’une être perdue. L’illustrateur ose même, un projet téméraire, dessiner les sons. (L'image ci contre.)Voir un son dessiné de la sorte nous laisse imaginer ce que les personnages de l’histoire vivent et entendre, c’est très intéressant. Je dirai même que c’est poétique puisque son écriture, en image, évoque des images sonores en nous. De la méta-illustration si je peux me permettre ! Malgré un petit relâchement des couleurs et de certains détails dans ses personnages, que les puristes appellent minimaliste ou épurement du trait, c’est agréable pour l’œil. Les grandes cases de paysages sont magnifiques et certaines cases sont iconiques, on les voudrait sur un chandail ou une carte postale.

Comme je le mentionnais précédemment, côté scénario, l’auteur mexicain revient avec la mort qui est très présente. Je gagerai que son adolescence était ardue puisqu’ici encore le jeune héros est rejeté et mis à part. Le jugement des autres, l’expression de la violence suite à la colère, l’esprit de groupe sont des scènes récurrentes, mais tellement chargées d’émotions qu’elle font la force des ses albums. Il ajoute ici une touche de fantastique et des personnages secondaires attachants par leur complexité. On ne saurait prédire leurs actes tant leur position face au héros sont mitigée. C’est riche parce que réel.L'histoire, bien raconté, ressemble à nos vies. Lorsqu'il ajoute le petit bout impossible, on est déstabilisé mais embarqué.

Bref les amateurs du cadavre et du sofa et de Nocturno seront ravis par la force poétique des pages de Doomboy tant par ses dessins que ses ambiances intimes.
Pour d’autres suggestions, visitez les blogueurs de la bande à Mango.

lundi 12 décembre 2011

Chronique BD Fraternity tome 2

Fraternity ! Ahhh Fraternity, que de clics et claques sur la blogosphère face à cette trop attendue série ! Je suis du clan de ceux qui aiment.


Fraternity, pour les néophytes, est un village en marge de la société où les habitants pratiques une sorte de socialisme pur. Ce projet est dans un déclin grave. Plusieurs personnages gravitent dans la trame dont un enfant sauvage, une bête, une jeune enseignante et un vieux philosophe. Je dois d’office dire que Diaz Canales confirme ici ce que je pense depuis longtemps sans jamais oser l’avouer : il n’est pas un bon scénariste. Avouons le, les deux derniers Blacksad ont été sauvés par les dessins fabuleux de Guardino. Mais pour Fraternity l’auteur est pris entre deux choix. Faire 6 tomes pour approfondir toutes les pistes et risquer de perdre des lecteurs en route ou le boucler en diptyque et laisser des portes ouvertes… Moi j’ai choisi de suivre l’histoire d’Émile et de la bête. Je suis chanceux, leur relation est scellée dans le tome 2. Mais pour tous les autres, rêvons ! J’avoue qu’il y a élément à déception.


Par contre, les dessins de Munuera sont sublimes. Ses paysages, ses plans, son découpage, ses scènes de mouvement, j’adore tout du dessinateur de l’excellent Spirou et l’homme qui ne voulait pas mourir. Après avoir lu une première fois j’ai repris à zéro en ne regardant que les images, elles expriment tant. Bien que surutilisé, l’effet brumeux et sépia apporte une pauvreté, voire même un indice temporel, au contexte du récit.


Fraternity n’est pas à la hauteur de mes attentes, mais la lecture ou plutôt le spectre d’après lecture m’est agréable. Je termine alors sur une note positive en réservant un accueil sévère au prochain Canales.

vendredi 9 décembre 2011

Chronique BD: les Nombrils un coule d'enfer

Moment tant attendu dans les salles de classe, la sortie du dernier tome des Nombrils. Me libraire me confiait que plusieurs papas achètent pour eux autant sinon plus que pour leurs filles. Tous seront comblés par ce livre solide en tout point.

Marc Delafontaine, prend un malin plaisir à dessiner des arrières scènes, des détails et des scènes transitoires, ce qui enrichit l’album. Ces personnages comme Albin et la nouvelle Karine offrent une gamme d’émotion et de mystère dans la plus grande justesse de ton. Couleurs, décors, ambiances, rien à redire graphiquement ça coulent et ça se lit doucement.


Maryse Dubuc, accompagnée de son conjoint Delaf se défonce totalement. Le niveau scénaristique est tel que parfois je me demande ce qu’ils font dans un journal jeunesse. Autant les blagues sont savoureuses, le suspense est à son comble. L’imbécillité de Vickie est digne des imbéciles de Goscinny. Plusieurs blagues, comme celle de raison et maison, m’ont décroché un éclat de rire. Elle sait nous transporter et nous amener où elle veut afin que la chute soit plus délectable. J’adore que la ligne du punch se double, nous pensions A, il se déroule B pour la chute et vlan ce n’est pas C mais D. Attrapeur attrapé. Bref un humour très intelligent et un sens du gag très efficace En plus de respecter ce style de blague à chaque page propre au monument qu’est le journal Spirou, le scénario avance, les relations se compliquent et l’intrigue atteint son paroxysme. Comme pour le tome 4, on termine le livre en se disant pauvres auteurs, ils se sont peint dans le coin ! La relation Karine, et les deux pétasses, Karine et son nouveau, Karine et son ex. tout explose, revient, repart, on a des doutes on ne sait pas. De se faire trimbaler d’un côté et de l’autre comme ça est une expérience de lecteur de haut niveau. Un vrai bijou !


Quand je pense que certaines mamans refusent d’acheter à leur fille cette BD sous prétexte que les tenues sont inappropriées… Je n’ai pourtant jamais porté de braies rayées bleu et blanc torse nu!

Chronique BD: Thorgal le bateau Sabre

Jusqu’à l’âge du l'université, je ne lisais aucune BD au dessin réaliste. Que des Spirou, Gaston, Snoopy, Astérix et cie. J’ai rencontré un copain, merci Guy, qui m’a initié à la BD adulte. J’ai dévoré en un été la totalité des Thorgal, XIII et Jérémiah.
Je suis resté bien attaché à Thorgal, bien qu’après le tome 18 environ, la série décline sérieusement. Mais voilà un nouveau souffle depuis le tome 30 ! Rosinsky revient à la charge avec ses pinceaux et nous offre de la couleur directe tout à fait magnifique. Les nouveaux scénarios de Yves Sente mettre l’emphase sur Jolan, le fils de Thorgal. Suite logique puisque le valeureux Vicking rêve de trêve paisible depuis 29 albums… On a eu droit à un début de cycle intéressant, malgré les jeux de mots douteux, le professeur qui se nomme Mantor et la cité dans le tome présent qui s’appelle Bagh Dhad... Mais l’histoire est là et Jolan se révèle digne de son père, un héros juste, courageux bref on le suivrait. Je croyais que c’était parti.
Le bateau sabre est une histoire de Thorgal. Jolan y fait une brève et insatisfaisante apparition. Le papa doit aller chercher son dernier rejeton enlevé par les magiciens rouges, il s’engage comme mercenaire sur un bateau commercial. Ce récit est en quelque sorte complet. Se lit seul sans nécessairement avoir besoin des tomes précédents. C’est une jolie parenthèse, meilleur que bien d’autres comme le mal bleu en autre, mais je reste sur ma faim. Le focus mis sur Jolan, l’intrigue de son équipe, rien ! Aucun développement, je vois où il veut aller, mais le détour est trop grand.
Je terminerai en mentionnant que les dessins de Rosinsky sont incroyables, les scènes avec les chiens de traîneau tout comme celle avec l’orque sont vraiment sensationnelles. La bonté excessive et la droiture de Thorgal sonnent faux et rendre moins crédibles certains moments du récits. Principe et morale ne devraient pas être autant souligné dans un monde barbare où l’on meurt si facilement.